Bonjour mon amour,
Les temps sont difficiles. Les discussions à la maison sont sobres mes directes. J’entends cependant beaucoup de choses contradictoires tant dans sa bouche que dans ma tête. Je comprends maintenant que je l’aime énormément, d’un amour profond, mais d’un amour habituel, habitué. Je la touche de la même façon. Avec des sensations fortes, mais des sensations rodées, efficaces. Il n’y a rien de mal à cela, mais cela suffit-il quand tant de promesses sont là à côté de moi. Mes mains pourront avoir du plaisir toute leur vie en la touchant, mais dans leur secrète intimité, elles ne désirent que de te découvrir et de se faire plaisir avec toi.
J’entends aussi qu’on veut mon bonheur, mais je comprends, par la souffrance ressentie, que ce bonheur souhaité doit provenir de ses actions seulement, qu’il soit son œuvre et non mon œuvre. J’ai toujours, en tout cas jusqu’à toi, pensé de la même façon alors je ne peux lui en vouloir. On me demande également de clarifier les choses, de cesser d’attiser, de ne plus échanger des mots doux, de ne plus se parler tous les jours. Seules ces actions démontreront la clarté de nos positions et lui permettront de nous faire confiance. Cependant, elle ne veut pas de moi si ma tête est ailleurs et cela je ne peux plus lui garantir. Une partie non négligeable de moi est maintenant avec toi et même si nous devions couper court à tout cela, même si tu devais m’oublier par je ne sais quelle magie noire. Une partie de moi sera ailleurs. Je sais également qu’une partie de moi sera ailleurs si nous devions vivre ensemble… mais quelque chose me dit que tu le comprendrais que cela ne t’empêcherait pas de m’aimer.
Cet ailleurs, avec toi, ce serait mes enfants bien entendu. Cet ailleurs sans toi, j’ai pris conscience ce matin que ce ne serait pas de me tourner vers une personne en particulier. Je pense que cela serait plus de la colère. Une bonne partie de cette colère se tournerait contre moi. Je ne me fais plus confiance. J’ai évolué vers quelqu’un qui ne pourra être totalement épanoui -heureux tout de même, mais pas totalement épanoui- sans toi. Mon problème est donc de savoir si je suis encore capable de ne pas faire du mal. Suis-je encore capable d’aimer pour la vie?
Finalement, je me sens devenir une moins bonne personne, car je me mets devant cet amour nouveaux et plein de promesse à imaginer des scénarios d’adultère, de double vie qui me séduisent. Ce chant de sirène je l’écoute de plus en plus, je lui laisse de la place. Le fruit défendu, j’ai envie de le croquer, de devenir méchant, de ne plus être celui qui s’empêche pour le bien de l’humanité. Je suis peut être aussi ce méchant, et je ne suis peut être pas aussi bon que ce que je pensais…
Tu me manques. J’ai peur de te perdre. J’ai peur de me tromper.
Tu dois être en train de maquiller tes yeux doux en ce moment.
Ce matin, au réveil, ma physiologie masculine étant ce qu’elle est, ma première pensée qui t’est systématiquement offerte s’est accompagnée d’une certaine raideur au niveau du bas ventre. Lorsque je me suis demandé ce que je pouvais bien faire avec cela… -inutile démonstration d’un désir si malsain- je me suis finalement laissé aller à penser à toi, car c’était le plus naturel. Je me suis rappelé que tu aimais faire l’amour le matin, que tu m’aimais et que tu accepterais de venir simplement t’assoir sur moi pour nous combler tous les deux. J’ai adoré ce moment qui a fait disparaitre de moi cette colère calme qui m’habite depuis hier midi.