-ASAKUSA- Fakear.
Cette chanson est tellement toi. Je plonge tellement dedans chaque fois qu'elle se fait entendre. Je plonge tellement dans toi à chaque fois que je l'entends. La petite mélodie aérienne et invitante au piano. Légère et fraiche comme toi, avec un rythme cassé en contre temps auquel on ne s'attend pas ou plutôt qui nous surprend en permanence. On devance l'arrivée des notes qui se font attendre, qui nous oblige à la patience. Elles se font désirées. Et puis après à peine 35 secondes, le son grave arrive et s'intensifie. Cette vibration si profonde, avec la fréquence si basse qui pénètre, qui rentre dans la plus profonde intimité du coeur et vibre sous la peau pour donner des frissons. Ce n'est pas un si beau son, c'est un son qui ramasse tout qui vaporise les barrières. Pourtant, il semble sourd, contraint, comme enfermé dans une capsule capitonnée. On dirait que la porte de la boite de nuit est fermée, que la fête se passe à l'intérieur et que moi je suis à l'extérieur. Je n'entends que les brides de cette fête à travers des murs épais et solides et pourtant la vibration me transperce déjà de part en part. Il y a une invitation. Quels plaisirs attendent celui qui osera ouvrir cette porte? Sera-t-il séduit et ébloui ou imcapable de supproter la puissance de la vague? Boite de nuit intime ou boite de Pandore? Et puis il y a ce chant, ce sampling de manga japonais irrévérencieux qui ressemble à la fois à un chant de sirène et à une plainte lancinante, répétitive et moqueuse. Dans tous les cas, cette voix est belle et je ne la comprends pas. N'y a-t-il de plus grande beauté que celle que l'on ne comprend pas? Puis, on termine à nouveau sur cette petite mélodie de piano qui invite à tout recommencer, à tourner en rond...
-Asakusa, est une ville. C'est aussi une période de l'histoire du Japon qui symbolise le début de l'ère glorieuse de cette nation. C'est le point charnière qui a fait de cet archipel une civilisation-
J'aimerai avoir la connaissance des mots qui s'aiment, qui s'unissent pour le meilleur; pour les agencer et exprimer dans la beauté ce que je ressens. Des mots qui lorsqu'ils sont ensembles deviennent des preuves irréfutables. Des mots qui permettent, lorsqu'ils sont lus, de ressentir ce que l'auteur ressentait. J'ai peu dormi encore cette nuit. Je suis resté calme, loin de la souffrance. Je suis resté assis dans le noir avec ma petite princesse endormie sur la cuisse. J'étais bien et j'ai pu pensé froidement -calmement- à tout ce qui nous arrive. Je n'aurai malheureusement pas de solutions, mais j'ai réussi à retirer la presse, l'urgence que je ressentais depuis ces derniers jours. Et je me sens bien.
Il n'y a rien de plus beau que d'aimer autant que j'aime et d'être aimé en retour. Je t'aime et tu m'aimes et je l'aime et elle m'aime.
Que me sert que tu veuilles vivre avec moi ou pas? Que me sert de désirer ce qui fragile et volatile et de mettre en arrière plan ce qui est solide et omniprésent? Je t'aime et je ne veux me faire bouffer ni par la jalousie, ni par le manque, ni par la frustration et ni par le désir. Je sais que le désir ne vaut que s'il est "légal", "moral" -je déteste ces mots et ce qu'ils représentent- et assouvi. Sinon il devient souffrance, il gâche tout. Il faut y faire attention.
J'ai aussi beaucoup réfléchi à ce que j'ai à offrir. Honnêtement, après l'exercice, j'ai un peu peur que tu sois déçue de moi. Je pensais savoir que ma volonté et mon amour m'auraient permis de t'offrir tout ce que j'ai, de m'abandonner pour toi. Cependant, je doute d'être à la hauteur. Pas dans la quantité ou la qualité de ce que j'ai à donner, mais dans la direction. J'ai tant à t'offrir, oui, mais en as-tu seulement besoin, en as-tu seulement envie de ce tout. En fait, je ne sais pas encore ce que tu as envie (et si je le possède). Je ne sais pas ce qui te manque... peut être rien.
-...-
Je sais que c'est du désir et de la passion, mais j'ai tellement envie de toi, de m'assouvir, de m'épanouir en, avec et grâce à toi. Je suis comme ça, je vis comme ça et j'aime comme ça. C'est ma faiblesse, je l'admets et je ne me détesterai pas pour cela. Je comble et on me comble. J'appartiens et on m'appartient. Tu m'écris que tu veux ressentir que tu appartiens à quelqu'un, mais pourtant tu sembles insaisissable. Tu es comme une de ces merveilles du monde que personne ne peut avoir... car comment mettre une pyramide, une muraille dans ta poche et la ramener dans ton lit? Tu es comme ces merveilles que l'on peut toucher, regarder et sentir mais qui appartiennent à tous, pas à un. Ces magnifiques entités qui sont autonomes et survivent à tous. Je ressens une telle résistance, de toute part, à l'amour que nous nous portons. La plupart de ces résistances est très légitime. Cependant, il ne faut pas que ces résistances gâchent l'essence de cette rencontre. Là aussi il y a du travail à faire...
L'amour est tendresse, passion (folie), rigueur, complicité, don. Aujourd'hui, tout n'est pas là pour le vivre. Comme tu le dis, tu n'es pas prête, nous ne sommes pas prêts. Tout ne sera peut être jamais là. Nous verrons. Mais tu as une belle passion et une belle raison. Tu sembles aussi - et j'en suis jaloux - avoir une belle distance avec l'émotion. C'est tellement important. Moi, il me reste tant à apprendre pour ne pas souffrir. Je pensais avoir mieux progresser ces dernières années mais il m'en reste tant à comprendre. Je ne sais pas si ma vie sera assez longue pour me le permettre. J'espère que tu m'aideras.
Je suis calme, serein et là, je ne souffre pas -je ne tousse pas-. Je souhaite ardemment ne jamais te perdre car tu es un trésor. Je sens que tu me rendrais meilleur. J'espère avoir la force de ne pas tout gâcher en t'aimant trop ou en t'aimant mal. Je vais m'y atteler.