Dormance

Le 19/04/2017

Le soulagement, moi aussi je le ressens. Celui de délaisser pour quelque temps, je l'espère, la culpabilité qui rendait mes nuits blanches et mes pensées noires. Mais je sais trop bien que le soulagement n'est que passager. Il m'habite, mais comme un nomade, il partira à l'aube. C'est alors que le vide prendra toute la place. Je le sens déjà qui approche. Le vide, le néant, abrié d'un voile de souffrance. J'aurai des échos de mélancolie plein les oreilles, et des mers de tristesse plein les yeux.

 

Moi aussi je souhaite devenir une meilleure personne. J'ai vu, au fil des derniers mois, mes côtés les plus sombres. Ceux qui dormaient profondément en moi, et qui se sont réveillés dans cette situation devenue invivable, par ma faute. Je ne sais pas très bien comment composer avec ces bêtes noires qui m'habitent. Je me suis vue jalouse, méchante, égoïste, menteuse...  Je me connaissais plusieurs défauts, mais ce que j'ai découvert m'effraie. Je ne suis pas celle que je souhaitais être. Si la petite Karelle avait vu la personne qu'elle allait devenir, elle aurait eu honte, elle aurait eu pitié.

 

J'ai vu et compris la souffrance que je t'ai occasionnée. Je m'en excuse profondément. Tout l'amour que je ressens pour toi n'a pu empêcher les souffrances liées à mon inaction.

 

Je te remercie pour tout ce que tu m'as offert. Ton amour est générateur de rêves, d'émotions, d'envies, de désirs, et de joie. Tu m'as offert un univers en cadeau, et pourtant, aujourd'hui, je ressens le néant. Je me retourve seule avec ces peurs qui ont entravées mes actions. La peur de l'intensité, et de la complexité. Si les peurs freinent les actions, elles n'ont par contre d'emprise sur les sentiments. Je t'ai toujours aimé profondément, et je t'aime encore aujourd'hui de cette même façon. Toutes les peurs du monde n'ont réussi à le tuer, cet amour. C'est un dur à cuire, un increvable. Le type qui résiste aux hivers les plus ardus et aux sècheresses interminables. Il a en réserve des souvenirs nourrissants qui le gardent en vie. Mon amour, il saura se réveiller pleinement lorsque les fissures du sol aride dans lequel il se trouve se gorgeront à nouveau des eaux douces du fleuve. Il saura toujours survivre en dépit des conditions difficiles, et se réveiller le moment venu.

 

Par amour, mon amour, je dois partir. Le poids de la culpabilité est rendu trop lourd pour mes épaules frêles, et j'ai des boulets immenses à mes pieds qui m'empêchent d'avancer.

 

Je continuerai donc d'avancer, en espérant ne pas me perdre, sur le chemin de l'évidence.

 

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