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Grise

Le 15/09/2015

Il y a certains sujets, certaines questions que je te pose qui semblent t’affecter profondément. Je le sais, je le sens. 

J’ai parfois l’impression que ce n’est pas de livrer une réponse qui t’effraie, mais bien d’en obtenir une de ma part. Celle que tu crains probablement. 

J’ai peur de te perdre. Beaucoup. Lorsque je te vois comme aujourd'hui, ma peur s’amplifie. Ma place avec toi, je la cherche encore. 

Pour moi, la question n’est pas de savoir si je t’aime. Celle-là, j’y ai répondu il y a longtemps. C’est clair, je t’aime profondément. La vraie question, c’est de savoir si je suis prête à changer de vie. Même si elle manque parfois de piquant, ma vie, je l’aime bien. Par contre, ma vie, je ne la vois plus sans toi. 

Je n’aime pas faire des choix. Je n’aime pas me commettre. Je ne suis pas définitive. Je suis mouvante. Je suis là, aujourd'hui. Je ne sais pas demain. 

Je suis un peu ici, et un peu là. En ce moment, je suis beaucoup avec toi, et un peu chez moi. 

Je suis rarement dans les extrêmes. J’ai tendance à chercher les compromis. Encore une fois, aujourd’hui, je cherche des compromis. Je veux avoir un peu pour ne pas perdre tout. Je veux t’avoir, sans bouleverser tout le reste. Je te veux amour, je te veux ami. Je veux ton bonheur, sans causer de peine. Je cherche le milieu. Je cherche à intégrer. Je cherche cet endroit qui saura tous nous combler. Il n’existe peut-être pas…

Je suis grise. Tu es blanc. Tu es noir. 

Je me doute que le gris n’est pas la solution. Et si tu peux t’y faire quelque temps, et si tu peux accepter de vivre dans cet entre-deux pour un bout, je sais que ta passion t’amènera éventuellement à trancher. Je sais que la passion ne s’accorde pas avec les compromis, les demi-mesures et le partiel. Je sais que la passion exige le définitif, l’entier et l’exclusif.  

Ce gris, il m’effraie. Je sais qu'il risque de me coûter cher. À vouloir du gris, à vouloir tout amalgamer, je risque de te perdre. Mais c’est difficile pour moi d’être soudainement toute blanche, toute noire...

Je vois que tu tentes de modérer ta passion pour moi, pour ne pas m’effrayer. Sache que tu ne m’effraies pas. C’est le gris qui m’effraie, le mien. Ne change pas. C’est moi qui dois le faire. Je dois accentuer les nuances. Je dois me décider. 

Ça doit être ça le syndrome de la toile blanche. Avoir toutes les couleurs en main, les outils à sa portée, et pourtant avoir peur de se lancer. Ne pas savoir quelle couleur choisir. Avoir peur du résultat avant même d'y avoir posé son pinceau. Laissé la toile là, des mois, en espérant que les premiers coups s'esquissent d'eux-mêmes. Souhaiter que les mains sachent, un jour, quoi faire de tout ça. Espérer que les mains agencent et dosent les couleurs correctement. 

Je suis grise, et j'en suis triste. Je suis grise, et ça te rend triste. 

Reste contraste, mon amour.