C'est incroyable comme tant de choses peuvent se passer en si peu de temps.
Ce matin, je me sens minable. Petit. Avec l'envie de fuir, de disparaitre. Une envie de noir et de fin. Comme Houdini.
Envie d'aller vers le haut, pour s'élever. Vers le haut s'est toujours mieux non? On a une vue d'ensemble, on contrôle.
Comme cette molécule d'eau qui s'élève du sol jusqu'aux nuages, à travers l'arbre. Comme cette molécule d'eau liquide qui monte, fait son chemin à travers ces veines qui irriguent le ciel. Elle se transforme alors en gaz et disparait, en haut.
Ce matin, je n'arrive pas à voir autre chose que le fait que je me trompe. Je ne vois pas comment ne pas faire de mal. Comment ne pas te faire du mal, lui faire du mal, me faire du mal? Comment de pas vivre notre histoire sans te faire du mal? Comment te faire une place sans lui faire du mal? Comment être moi sans vous faire du mal? Comment être quelqu'un d'autre sans me faire du mal? Il est de plus déjà trop tard. Le mal est fait et quoi que je fasse, il demeurera, il y en aura d'autre. Je m'en veux tellement d'être aussi faible et stupide. Et pourtant je suis là. Immobile, liquide et inerte. Comme dans un rêve où l'on veut agir mais que rien ne bouge. Je suis démuni. Lâche.
Houdini enfile sa camisole de force, s'enroule de chaines cadenassées. Puis il est plongé dans une piscine d'eau noire et glacée. 3 minutes plus tard, l'ensemble est remonté et la camisole est vide, les chaines pendent, cadenas ouverts. Houdini a disparu.