Perdu, c'est peut être un grand mot. Mais il y a des changements.
Tu dis avoir quelque chose dans ton cerveau qui change la ligne, la notion du temps. J'ai moi aussi quelque chose comme ça mais en rapport avec l'attachement. Il y a quelque chose en moi qui m'a attaché à toi d'une façon rare et malheuesement entière et qui ne se change pas comme ça. Tu as toujours eu de la misère à comprendre que je suis (encore) en amour avec toi. Que c'est un genre d'état de fait.
Ma nature, mon attitude, la façon dont je bouge, dont je raconte mes histoires ou l'intérêt que je peux représenter viennent directement de ce que je suis (de l'état dans lequel je suis), et ce que je suis, mon état, (et c'est encore plus vrai quand je suis à côté de toi, ou que je te parle) c'est d'être amoureux de toi.
Je ne sais plus trop comment l'écrire ou le décrire, mais il est difficile pour moi d'être moi-même avec toi puisque je ne peux te parler librement, je ne peux agir, ni me laisser absorber par ce qui me drive quand je suis à tes côtsé Je dois refreiner, tasser voire nier ce que je ressens, car ce que je ressens ne peux exister. Tu sais, je semble donner beaucoup lorsque je parle car je crois que je donne du vrai. C'est pourquoi je navigue mal dans les conversations où je dois donner du moins vrai.
La meilleure image est celle d'une ornière. Je retomberai systématiquement dans l'ornière qui est celle de te charmer, de te montrer combien je t'aime, de me coller à toi, de rêver à m'endormir le nez sur ta nuque. Dans ma tête, dans mon état des choses, te parler, c'est parler à ma meilleure amie, à ma blonde, à l'objet de mes désirs. Dans la réalité, impossible, interdit. Te parler c'est la retenu, pas parler trop de ma nouvelle vie, dire que je vais bien mais pas trop pour pas choquer, être drôle, naturel... naturel... naturel? Écrire ce mot est étrange.
Il y a eu des changements dans ma vie. Beaucoup. Je sais que tu en as eu aussi, ça a brassé un peu mais je crois que j'ai complètement du revisiter ma vie dans les 4 dernières années. Abandonner un moule de 19 ans qui m'abrutissait mais qui était ma vie, m'abandonner à ce que j'étais vraiment grâce à toi et finalement déconstruire cette trouvaille pour vivre autre chose. Je crois que ce que je me suis demandé (et je crois que c'est ce que tu veux aussi?) c'était plutôt d'essayer d'être ce nouveau moi (qui s'aime) mais de le faire/l'être sans ce qui lui a permis de le découvrir. En théorie, très bien. Dans la pratique... impossible. Ce que j'étais, je l'étais grâce aux sentiments qui circulaient dans les deux sens, grâce à l'attachement que nous avions. La vraie version de moi est amoureuse de toi et veut être drôle en étant amoureux de toi, bavard en étant amoureux de toi. La nouvelle version est autre chose.
À force d'efforts, je construis cet autre chose. Je m'attache à un autre moi, moins naturel que celui que tu as connu, mais bien plus que celui que j'étais avant. Celui que tu as connu est proche de la surface, il n'est pas bien loin, mais il me fait mal. Il me tire vers le bas à me remettre toujopurs sous le nez son modèle idéal. Cette fin de semaine, j'ai trouvé des vielles raquettes en bois et en babiches. Je les ai restaurées et je suis allé faire un tour le long de la rivière. Je suis arrivé drette en face de chez ta mère. Je voyais son chien qui aboyait vers moi. J'ai regardé vers la fenêtre de ta chambre et je me suis souvenu d'avoir fait l'amour la haut avec toi. Comment c'était doux, où le piano était, les sandwichs à la tomates, le soir où on est allé te chercher avec ma puce cachée dans l'auto, le soir (ou plutôt le matin) où je t'ai ramené bien trop tard et pourtant, je n'y suis pas allé souvent... (j'ai pleuré, ça m'a pris 1h avant de pouvoir rentrer et je n'ai presque plus parlé de la soirée en devant dire que je me sentais en début de grippe pour justifier mon état)
Il y a eu du changement. Je suis désolé de ne pouvoir être le même avec cette nouvelle destination, cette nouvelle façon de fonctionner. C'est difficile de générer la magie, la douceur, le plaisir dans la retenu. Pas pour le moment en tout cas. Comprends bien que je veux que tu sois heureuse, je veux savoir et m'imaginer que tu ris, que tu es bien, cela me réconforte. Mais je veux plus que ce que j'obtiens de notre relation (j'essaye d'être honnête ici) et dans cette frustration, je me nuis pour le reste.