Dans le train à grande vitesse -TGV- Barcelone- Paris
Salut ma belle. Ma belle et magnifique LBK. La vie n’est pas si facile quand on est amoureux… n’est-il pas? Mais tu sais, je ne sais pas grand chose. Je m’en rends bien compte. Lorsque j’ai l’impression de comprendre quelque chose, cette compréhension est, plus souvent qu’autrement, éphémère. Cependant, si je sais quelque chose, c’est qu’il est toujours sauf, de se raccrocher à ce qui est certain. Il arrive parfois que ce ne soit pas grand chose, que ce soit de petites choses, mais c’est toujours un début.
Il y a une semaine, je n’allais pas très bien, et si le futur et les décisions à prendre me faisaient un peu peur (très peur) et un peu mal (très mal), j’ai réussi à me raccrocher à quelques petites choses certaines: Je t’aime. J’aime mes enfants. Je veux vivre une vie de vivant. Je veux éviter de faire du mal. Je ne veux plus mentir.
Je conçois très bien que certaines de ces certitudes peuvent entrer en confrontation. Par exemple, dans ma situation, comment t’aimer sans faire du mal. Je pense que l’idée est de trouver les situations qui contredisent le moins ces certitudes. Ou encore des solutions qui contredisent les certitudes qui nous importe le moins. C’est le seul moyen de ne pas regretter. En ce moment, contredire la certitude que je t’aime mais tout simplement invivable. Contredire celle d’éviter de faire du mal l’est de moins en moins. C’est étonnant car cela a longtemps été le moteur le plus important pour moi. De la même façon, mentir, ou du moins l’utilisation d’une certaine forme d’omission, est maintenant pour moi assez acceptable et je conçois même qu'elle peut avoir du bon. Pourtant je suis depuis 20 ans le fervent défenseur de la vérité et de la communication. Pour moi, tout dire et surtout dire la vérité est important car moins souffrant pour tout le monde que le mensonge. En effet, on sait très bien que les mensonges finissent toujours par être découverts (du moins la très grande majorité d'entre eux) et à cette découverte la douleur est souvent plus grande car il s’y ajoute une sorte de trahison, une perte de respect. Si, je pense que tout cela est toujours vrai, j’avoue comprendre mieux certaines nuances de gris. Par exemple, dire la vérité sur son état d’esprit lorsque celui-ci n’est pas stabilisé n’est pas très utile et peu même faire du mal inutilement. Je me dois donc de dire que tu es dans ma tête car c’est une vérité immuable. Par contre, je ne suis pas obligé de dire que je considère la possibilité de vivre avec toi, car c’est une vérité instable.
Maintenant, aujourd’hui, les choses sont plus claires. Un peu de distance avec mes proches m’a permis, je pense, de réfléchir, de ne pas être confronté jour après jour à une situation intérieure conflictuelle qui empêche le calme et la réflexion. Qu’en restera-t-il lorsque je les retrouverai…? Je ne sais pas. Je ne sais pas grand chose… Mais si la douleur et la peine ne me font pas peur, je n'en ferai pas des invités de choix dans ma vision du futur. Je n'en ferai pas pour autant un mode de vie.
Je ne me laisserai donc pas faire et je ne tomberai pas dans la douleur. Je saurai prendre les décisions nécessaires. Et la première sera de m’accepter tel que je suis, avec mon ignorance, mes faiblesses et mes contradictions. J’ai d’ailleurs déjà commencé et j’aime assez bien ce petit bougre, faible, ignorant, dont la fragilité est finalement touchante.
Mais… tu le sais, je n’y connais pas grand chose.