Je retombe dans l’absence de fonctionnalité de cet été. Je n’y arriverai pas. Je vais me planter si je continue. En fait, je crois que je suis déjà dans le trou. Et si je bouge pas, je vais m’y enfoncer.
Une partie de moi veut te crier de venir, veut te dire que les matins seront parfois à nous, parfois à mes enfants, que tu ne seras obligée de rien. Que je me réveille maintenant sans cadran pour réfléchir sans juger, ou pour suer pour oublier la honte ou pour suer en faisant l’amour. Que mes petits déjeuners sont salés, que la fin de semaine, IL et L m’aident pour faire des crêpes, qu’ils adoreront sautés dans notre lit pour nous réveiller, qu’il faut leur répéter 12 fois la même chose par jour et parfois même 24. Que la bouffe doit être plus salée et moins excentrique quand ils sont là, qu’ils déclenchent autant de petites frustrations que de grands rires. Qu’il faut les divertir, qu’il faut cuisiner pour 8 pour avoir des lunchs, que costco est financièrement la solution, qu’ils ne seront là que la moitié du temps. Qu’à 9h les soirées sont à nous, ou bien quand la TV est allumée. Que c’est une aventure dont on est le héraut et le héros. Que je vais t’aimer comme jamais personne ne l’a fait. Que je vais te faire du bien, te glorifier, trop t’aimer …
Pis, là, l’autre partie de moi dit que c’est assez. Que tu dois te tenir loin de moi et moi loin de toi. Tout nous sépare. Je sais que je perds un peu pied avec ce qui se passe chez moi et ce qu’on me demande de faire, mais j’ai jamais su sur quel pied danser alors c’est pour ça que je dansais pas. Samedi, j’ai dansé, j’ai aimé ça. J’ai peur d’avoir vraiment aimé ça et d’avoir envie de danser à nouveau, encore et encore. Mais il n’y a plus de musique. J’ai pas envie ou pas la capacité d’attendre que la musique revienne. Je vais sortir de la discothèque même si ça fait que je danserais plus. Je vais passer mon tour. Car c’est trop compliqué. Du bonheur, j’en ai eu en masse, j’en ai eu du vrai, du qui rend dépendant. Il y a quelques années j’ai commencé une cure de désintox car je voyais bien qu’il devenait difficile de s’en procurer. J’ai fait une rechute mais mon nouveau fournisseur vit dans un monde parallèle qui croise le mien trop peu souvent. Je vais passer mon tour car mon bonheur doit être différent maintenant. Il doit être plus doux, plus raisonné, moins intense, plus normal. J’avoue que c’est pas une saveur qui me tente ben gros… un peu comme le tofu, il va falloir travailler fort pour lui donner du gout. Mais la gourmandise et les excès me font trop mal maintenant. Je vais essayer d’aimer comme les autres, sans trop faire mal, sans trop me faire mal.
Un jour un inconnu m’a dit en pleurant à ma table; « les 50 premières années sont pour élever la relève de l’humanité et les 50 suivantes pour s’amuser vraiment ». Je vais donc passer mon tour pour le moment et revenir tester la température de l’eau dans 10 ans.
Je t’aime Choup. Trop et mal. J’ai besoin d’une pause alors je passe mon tour.