La lecture

Le 12/06/2015

Je lis peu. Trop peu en fait. Souvent, les images me suffisent. Il ne me faut que des couleurs et des formes. Ma tête se charge du reste. Les mots, les histoires, les émotions, la poésie, elle les invente, elle les interprète. Elle s'amuse à jouer au compositeur. Elle met des notes ensemble, des notes qu'elle pige dans les images, et se fabrique une mélodie. Elle n'est pas toujours harmonieuse et cohérente, mais toujours agréable à fabriquer.

 

Mes yeux peuvent avoir exploré des dizaines de fois la même image, ma tête continue à produire des histoires différentes, à repasser au peigne fin tous les détails...peut-être en aurait-elle raté un qui lui fournirait matière à produire d'autres mots, d'autres histoires...

 

J'aimerais lire davantage. Mais devant un étalage garni de bouquins, je finis souvent par ne rien prendre. Tu sais, la difficulté à faire des choix, c'est un boulet qu'on traine partout, même dans une bibliothèque. 

 

Je lis lentement. Je lis comme je vis. Je prends le temps d'apprécier les choses. De prendre des pauses. De réfléchir aux mots, à leur signification, à leur agencement. De créer des parallèles avec ma vie et le monde. Parfois, un petit livre me prend une éternité. Parce que je dois prendre le temps. C'est plus fort que moi.

 

Quand je lis, j'ai toujours cette drôle d'impression d'entendre quelqu'un me faire la lecture. Comme une personne qui ferait la lecture à haute voix devant un auditoire attentif. Le type de personne qui prendrait le temps de bien prononcer chaque mot, de reprendre son souffle calmement, au bon moment, et de réfléchir au sens des choses avant de laisser s'échapper les sons de sa bouche. Comme pour mesurer, à l'avance, leur impact sur son auditoire. Un lecteur tel un musicien, qui aurait répété mille fois, chaque note, chaque silence, et jouant avec précision et émotion sa partition pour son public.

 

Souvent, quand je termine la lecture d'une phrase et que ça ne sonne pas bien à mon oreille, je la recommence. J'ajuste les intonations, les pauses, le ton, mes émotions. Je joue le livre. Je le ressens. Parfois c'est fatigant. C'est souvent long.

 

Je lis si peu, que chaque livre me laisse une empreinte. Parfois, ce n'est pas grand-chose. C'est un nouveau mot, une expression que je ne connaissais pas, une pensée, ou même le souvenir d'une belle illustration sur la couverture (il faut dire qu'à quelques reprises, la couverture m'a suffi...). Parfois, c'est plus structurant. Ça modifie mon esprit, ça me chavire, ça me fait comprendre le pourquoi ou le comment de ceci ou de cela, ça redéfinit qui je suis, ou encore qui j'aimerais être.

 

Les livres courts, ça me convient mieux. Car pour moi, il y a tellement d'informations à traiter entre chaque ligne, tellement de choses qui me sont offertes à réfléchir, que les mots se transforment en paragraphes et les paragraphes en chapitres.

 

Bref, les livres, c'est comme mes relations amoureuses. J'en ai eu peu, et je les choisis bien. Et souvent, ce sont eux qui me choisissent en se mettant sur mon chemin. Je ne fais qu'apprendre à mieux connaître les livres qui se présentent à moi.

 

J'aimerais lire. J'aimerais en fait que tu me choisisses un livre. Un livre qui te ressemble. Je sais déjà, avant même de le commencer, que je l'aimerai. Peu importe ton choix.

Je sais aussi que ça sera long avant d'en connaître la fin. En fait, il ne serait pas étonnant que je ne l’aie pas encore terminé lors de ton retour de voyage. Et ça, peu importe sa grosseur. Et c'est bien comme ça. Ça me rappellera toi durant ton absence.

 

Jusqu'à notre prochaine rencontre, réfléchis-y. Apporte-moi un livre qui te plaît. J'en ferai la lecture avec plaisir...et lenteur!