Le magma mauve

Le 17/06/2015

J’étais épuisé hier. Je n’avais plus d’énergie. Aujourd’hui, j’ai l’impression que toute ma vitalité est canalisée vers toi et vers la recherche d’une solution à cette situation incongrue.

Je ne veux pas aller travailler, je ne veux pas parler à d’autres, je ne veux pas faire semblent d’être quelqu’un. Je suis las.

Hier soir, j’ai attendu ton texte ou un signe le plus longtemps possible, puis je me suis simplement résigné à aller me reposer. Je voulais savoir comment tu allais. J’étais inquiet. Je n’ai donc trouvé tes mots que ce matin. Une chance car je n’aurai pas dormi de la nuit. Ces mots que tu écris, ces doutes que tu exprimes, ils ne sont pas nouveaux, ils ne sont pas inconnus. Je sais très bien que je me voile la face en me disant qu’on les gère bien. Mais, j’ai tellement envie d’y croire. J’ai tellement envie de nous, quelque soit le nous. Et ce matin, je lis ces mots que je ne veux pas voir, ces sentiments que je ne veux pas que tu vives… et de savoir que j’en suis la source m’écoeure. Je suis alors parti promener le chien et je ne trouvais rien de beau. La seule photo que j’avais prise était celle de la merde qu’elle avait faite dans ces herbes hautes. Je me sentais comme une merde. Il était tôt ce matin alors je suis allé loin. Ne pas penser, commencer à assimiler que cette histoire n’existe pas, qu’elle est du mauvais côté de la frontière… Nous avons marché longtemps… Mais petit à petit la nature a repris ces droits. Un sourire parce qu’un chien saute comme une chêvre pour jouer avec un Goglu des près (qui lui cherche à la tuer), une première fleur mauve, un seconde fleur mauve, comme cette couleur qu’ELLE aime tant*. ELLE, la revoilà dans ma tête à cause de cette couleur. Puis je découvre une nouvelle fleur. Une beauté cachée, une surprise comme la vie nous en offre si souvent et que nous ne prenons pas le temps de voir, d’écouter. Alors tout est là. Tout est revenu. ELLE est belle, ELLE est la joie –ma joie-, ELLE est l’amour –mon amour-. ELLE déclenche en moi des sentiments puissants qui ne sont pas destructeurs. C’est de l’amour, celui des livres, des films, des chansons. Celui qui est beau, qui est pur et qui peut être éternel. Comment et pourquoi ce puissant sentiment pourrait –devrait- être associé à la destruction, à la douleur. Je refuse la destruction, je refuse la frontière. Les frontières sont des lignes imaginaires et arbitraires.

Être là, et vouloir vivre ce sentiment, vouloir vivre un moment avec moi ne peut faire de mal à personne sauf à toi. Tu ne peux pas décider ce que je suis prêt à faire ou non. Si j’entretiens le lien avec toi et que je sais qu’elle le vit mal, alors je lui fais du mal. Pas toi. Pour le moment, je sais qu’entretenir le lien avec toi ne lui fera pas de mal, tant qu’il reste ce qu’il est. Elle est compréhensive et forte malgré ces faiblesses et elle connait la vie, elle connait l’amour. Entretenir ce lien me rend meilleur. Pourquoi ne voudrait-elle pas que je sois meilleur? Je ne lui impose rien qu’elle ne veut pas. Je revis et je suis donc plus ouvert à la vie, même de famille. Alors, retire de ta tête que tu peux faire souffrir mon entourage –seul moi peux le faire-. Toi, tu ne peux faire souffrir que toi et ton entourage. Si tu ne m’aimais pas en retour, si tu ne savais pas que je t’aime, si je devais ne plus l’aimer parce que je t’aime, alors elle souffrirait tout autant et pourtant tu ne le saurais pas. L’ampleur de la douleur que ma famille vivra ne sera que le reflet de mes actes, pas des tiens.

Et de ce côté là, je ne sais effectivement pas trop ou tout cela s’en va. Je sais que je t’aime, je sais que l’éternité de cet amour me convient. Je sais qu’il est beau et qu’il grandit encore, plus doucement. Mais je ne sais s’il va trouver sa place, s’il va bousculer le reste, s’il va tout englober. J’avais peur de cet aspect, mais aujourd’hui, je ne me battrais pas contre la puissance d’une vague. Je dois être humble, aimer sa puissance, ne pas lutter contre, mais plutôt surfer avec. Je ne sais si cet amour peut vivre de désirs sans désirs assouvis. Je ne sais s’il veut être inclusif ou exclusif. La bataille fait rage, le magma bouge, remue et brule les bords. Puis il refroidit par endroit se donne une forme… Je n’ai pas la vision complète, c’est un travail en cours… il faut du temps.

 

* : comme cette couleur que j’ai tant détesté. Pour un cours d’art plastique au secondaire, j’avais décidé de faire une étude des couleurs et de leur signification dans les différentes cultures. Le mauve était ressorti comme la couleur de la frustration et pour certaines cultures de la frustration sexuelle. Plein d’hormones comme je l’étais, et déjà amoureux d’Épicure, j’ai délibérément décidé de détester cette couleur synonyme de ce que je considérais comme le plus grand frein au bonheur de l’humanité. Et maintenant, comme le brocoli, je reconsidère, je transforme mon cadre de référence, j’évolue, je me métamorphose et le mauve n’est pas si laid… il n’est pas laid du tout.