Je n'ai jamais été une grande sportive. Pour moi, rêver était un sport. Un sport auquel je m’exerçais très souvent. Un sport qui, non seulement me plaisait, mais dans lequel j’excellais. Très jeune, je rêvais d'avoir des chevaux, à défaut d'avoir des licornes, bien sûr! Puis, j'ai rêvé de construire une école. Un peu plus vieille, j'ai rêvé de métiers. Je rêvais d'être professeur, biologiste, anthropologiste ou journaliste. J'ai aussi beaucoup rêvé de voyages, de dépaysements, d'aventures, de culture, de nourriture, de couleurs... Puis j'ai rêvé d'intimité, de partage et de caresse.
Et puis, il y a les petites choses. J'ai rêvée longtemps de m'acheter un kayak. Et d'aller en faire en Patagonie. J'ai aussi rêvé de vivre à l'étranger, 2, 3 ou 5 ans. Pas seule par contre. J'ai rêvé d'avoir une chocolaterie, avec Maurie et Émilie, mes amies. J'ai rêvé d'aller étudier à Québec. Puis de travailler dans l'Ouest -un classique!-. J'ai rêvé de partir avec mon chum et mes enfants en voyage pour 1 an ou 2. De leur faire l'école, de leur montrer le monde et l'aventure.
Puis, un jour est venu le constat que je n'en réalisais pas ou très peu. J'ai cru alors qu'il ne servait à rien de me mentir, de me leurrer; mes rêves resteraient à jamais du domaine du rêve.
Beaucoup d'autres rêves qui sont venus après, je les ai alors fait mourir avant même qu'ils ne deviennent beaux. Je me disais à quoi bon rêver s'ils ne réalisent jamais. Ensuite, je me suis mise à me limiter dans mes rêves. À n'en sélectionner que quelques-uns, dans l'espoir d'augmenter les chances qu'ils se réalisent. Je n'ai par contre pas basé mon choix sur leur importance ou leur beauté, j'ai sélectionné les plus réalisables. Je crois que j'ai voulu ainsi m'encourager en accomplissant enfin quelque chose. C'était une erreur. J'aurais dû concentrer les efforts déployés sur quelques-uns, et pas limiter les rêves. En limitant ainsi le nombre de rêve que je m'accordais, j'ai tranquillement ralentit la machine à rêver pour finalement l'éteindre complètement. Lorsque je m'en suis rendu compte, j'étais vide. Avec les rêves est aussi partie la passion. Je me suis rabattue sur le "bonheur" ou sur une conception peut-être un peu faussée du bonheur. Sans rêves, je ne me reconnaissais plus. Je n'étais plus moi. Je me suis reconstruite depuis, mais je n'ai pas pris les plans d'origine, trop ambitieux je crois. Je me suis reconstruite peu à peu, avec l'idée d'adopter des plans plus humbles, moins difficiles à réaliser, plus accessibles. J'ai alors entrepris de redéfinir mes "standards" de bonheur, mes attentes envers la vie, mes plaisirs, mon bonheur, mes rêves. Je crois que j'ai abaissé tout ça. Je me suis, je crois, créés des standards et des rêves qui collaient avec la vie que j'avais. Au lieu d'utiliser les rêves comme un moteur pour changer ma vie, pour continuer à avancer, je les ai utilisés comme un chariot pour y mettre la vie que j'avais déjà. J'ai voulu faire "fitter" ma vie dans le cadre dessiné par mes nouveaux rêves. Comme ça, c'était facile de dire que j'étais heureuse, que je me sentais accomplie. Mes nouveaux standards de bonheur et mes nouveaux rêves sont peu exigeants, c'est donc plus facile de me dire heureuse, d'avoir l'impression que je m'accomplie vraiment. Mais je le sais, je suis en partie paralysée, endormie. Je me contente des petites choses du quotidien. Trouver son bonheur dans les petites choses, c'est bien, mais là, je crois que ça cache une déception envers la vie, envers ma vie. J'aurais voulu plus. Pas juste le quotidien, l'extraordinaire aussi. À l'occasion du moins.
Et maintenant... et bien je ne rêve que de rêver. Mes rêves...où sont-ils passés? Où les ai-je perdus? Que sont-ils devenus aujourd'hui? Je ne les ai pas nourris depuis des années. Sont-ils morts d'une carence d'espoir et de travail. Peut-être... Saurais-je en ressuscités quelques uns? Je l'espère sincèrement.
Pour l'instant, j'ai encore de la difficulté à rêver. Je ne sais plus trop bien qui je suis, qui je deviens ou redeviens, alors c'est plutôt difficile de savoir ce que je veux, à quoi je rêve. Ce qui se rapproche le plus d'un rêve en ce moment, c'est l'envie de partager avec quelqu'un mes petites folies, au quotidien. Comme je l'ai déjà vécu, mais cette fois-ci, j'aimerais que ça soit avec mon amour. Je rêve aussi de retrouver ma passion, de la vivre, de vivre passionnément à nouveau. De me réveiller, de ne plus me sentir paralysée et endormie. C'est abstrait et un peu plate mes rêves, mais c'est début. S'il n'y en a que deux, ils sont par contre ambitieux. Ils me demandent beaucoup d'efforts. Je devrai les préciser un peu plus, mais j'ai des pistes de réflexions.
Ces rêves, ils sont apparus avec toi. Aujourd'hui, je vois mal comment tu ne pourrais en faire partie. Comment je pourrais travailler à les réaliser sans toi. Je ne sais pas comment tu y contribueras, mais je sais que tu y seras. Tu seras avec moi.