J'en porte un. Souvent. Souvent le même, celui qui dit " tout va bien, tout est sous contrôle". Je le porte au travail, pour cacher mon incertitude, mon stress. Avec ma famille, pour ne pas les inquiéter. Avec mes amis, pour demeurer celle qui est joyeuse. À la maison, pour ne pas montrer qui je suis vraiment, ce que je fais, ce que je ressens. Avec toi, un peu, soit par peur de te blesser ou de t'inquiéter, soit pour ne pas que tes rêves t'emportent trop loin.
Ce masque est devenu ma seconde peau. Mettre le masque, c'est rendu plus qu'une habitude. C'est un réflexe. Ça fait si longtemps que je joue le rôle sous ce masque, que je ne sais pas distinguer le personnage de la personne. Je n'arrive plus à être vraie sans être seule. Et encore...
Sous le masque se cache des horreurs, de la tristesses, de la jalousie, des remords, de la peur, de la gêne...
Aujourd'hui, le masque a tout couvert. De la joie de te revoir, du réconfort de pouvoir à nouveau sentir ton odeur, du désir de te faire l'amour, de l'amour qui m'habite encore, de l'envie de te dire que j'ai pensé à toi à tous les jours de mon voyage, du déchirement de ma décision, de mon incertitude, de la tristesse de te perdre un peu, beaucoup, de ma honte de ne pas agir comme il se doit, de ma jalousie subite et irrationnelle, du mal que j'ai ressentie en t'entendant dire ce qui est sans contredit une vérité (Max ne serait pas avec moi s'il savait qui je suis), de mon envie de tout laisser tomber à celle d'affirmer enfin sans culpabilité que je t'aime, tout ça était derrière le masque.
Si au moins j'avais une bonne raison de te dire non. Le manque d'amour, la différence d'âge, la distance, les enfants... Mais ce n'est pas le cas. Je sais que tu as de la difficulté à me croire, mais je n'arrive pas à savoir pourquoi je reste là où je suis.
Je sais pas pourquoi je te dis tout ça, pourquoi je te révèle ce qu'il y a sous le masque. Tu le savais peut-être déjà.
Je m'excuse de te blesser, de mon inaction, de mon amour qui persiste.