Et bien tu avais bien deviné. Notre amour a pris fin, sous le poids des autres, sous le poids de la différence et sous le poids de l’inconnu.
Si tu devais t’inquiéter pour moi, et bien ne le fais pas. Je ne me perdrai pas, je ne développerai pas de haine, car je suis, je pense, dans le carré que nous formions, celui qui s’est le moins menti et celui qui savait le plus ce qu’il voulait. J’ai un petit goût amer que j’essaie cependant de faire passer, car il est difficile de voir en si peu de temps que je suis encore celui que l’on ne choisit pas. Mélanie ne voulait pas me choisir car j’avais trop bouleverser ses principes de vie et que ce que j’offrais n’était pas assez pour passer par dessus. Pour toi, je ne sais pas trop ce qui me manque pour que tu me choisisses. Je t’ai donné tout ce que je pouvais sans m’oublier : Une totale sincérité, un amour débridé et pur, du temps, de la protection. Mais je n’étais pas assez pour toi non plus. Ou plutôt, j’étais surement trop. Trop intense, trop vieux (si un peu quand même), trop papa, trop amoureux, trop compliqué. Bien que beaucoup de ces choses soient vraies, plusieurs aussi sont « apparences » et je ne vois pas en quoi tout cela pouvait empêcher le bonheur d’arriver. J’avais envie de créer cette histoire d’amour, j’avais envie de créer cette histoire de rêves et d’arts. J’avais envie de créer cette histoire de passion et de sincérité, d’offre et de retenu. J’avais envie de créer cette famille pas banale qui aurait passé son temps à bricoler, à se stimuler les uns les autres, à s’inspirer et à traverser la vie grise en riant des couleurs que nos lunettes lui donneraient. J’avais envie de mettre derrière moi ma vie de chenille et vivre ma vie de papillon avec une fleur. La fleur part, mais je reste un papillon. Je vivrai ma vie de papillon avec ou sans fleur.
Je t’aime assez pour que ce cœur qui me fait tant défaut se sclérose un peu plus, pour que ma naïveté qui me gardait ouvert à l’émotion s’effrite un peu plus, pour qu’une tristesse lourde et sourde teinte de noir la joie qui pourtant ne pourra jamais me quitter. Je t’aime assez pour te dire que je pense que tu te trompes en choisissant de refuser de t’associer à ce que je suis, mais que si tu es heureuse avec tes choix alors c’est ce qui m’importe. Je t’aime assez pour te dire de bien prendre garde de ne pas te mentir, car je l’ai fait trop longtemps et j’en ai souffert beaucoup moi même et d’autres aussi. Je t’aime assez pour te dire que je sais que tu as une maturité que je n’avais pas à ton âge et que donc tu sauras surement mieux t’occuper de toi, que je l’ai fait de moi. Je t’aime donc assez pour te laisser partir.
J’ai déjà écrit dernièrement que je vivais les premiers jours du reste de ma vie. J’ai souvent pensé que tu en ferais partie. Pour le moment non. Au revoir, donc, beauté, pas banale. Et fais attention à toi car je ne pourrai plus le faire pour toi. Tu vas me manquer horriblement car tu m’avais apprivoisé.