C’est difficile de te parler quand tu es au travail, ainsi entouré. Je sais que tu ne peux parler. J’aimerais te dire plein de choses, mais je dois me résigner à te poser des questions de surface : qu’est-ce que tu as mangé ce midi? C’est quoi tes plans pour ce soir? As-tu bien dormi? Etc. Je dois moi-même rester à la surface dans mes propos pour ne pas t’entraîner avec moi vers des sujets plus profonds, plus délicats. Je crois que ça donne lieu à des situations un peu bizarres. Ça me fait grand plaisir de te parler, mais je crois que ton malaise à t’exprimer devant tes collègues, je le partage aussi un peu. C’est difficile d’être nous lorsqu’on doit faire preuve d’autant de retenue dans nos dires et nos gestes.
J’aime te voir, t’observer. Je te trouve beau. Sexy. Mais je crois que de se parler dans ce contexte, ce n’est peut-être pas une si bonne chose finalement. Il y a beaucoup d’interdits dans nos conversations et je crois que ça m’amène à faire des faux pas. Je t’ai parlé de mon ami. Tu as semblé croire que c’était « mon ami ». Je n’aurais peut-être pas dû t’en parler. Enfin, pas dans cette conversation. Après ce que je t’ai dit, je peux m’imaginer que tu te questionnes sur moi, sur mes habitudes et mes comportements en amour. Je t’ai parlé de lui pour faire la conversation, pour garder le ton léger. Mais je crois que cela a eu un effet contraire. Après, tu m’as semblé plus distant. Tu avais l’air de te questionner, de douter de moi. Ce n’était probablement pas la place ni le moment pour discuter de ma soirée d’hier et te parler de lui. En t’en parlant, je n’ai pas voulu jouer à l’indépendante et encore moins te provoquer. Entre lui et moi, il n’y a rien. Il n’y a jamais rien eu. Te parler de lui, c’était maladroit de ma part. Je m’en excuse.
Je sais qu’hier, le plaisir de se voir et de se parler était partagé. Aujourd’hui, je n’en suis pas certaine. Rien ne me laisse croire ça t'a rendu heureux. Ce n'est pas un reproche. Pas du tout. Comme se parler est compliqué, je suggère qu’on continue plutôt à s’écrire, quand on le pourra. On ne doit pas le faire avec un sentiment d’obligation. Mais si t’en as envie, si t’as le temps, alors tu m’écris. Je ferai la même chose. Ça sera plus facile que skype. Et ça m’évitera de faire des faux pas. De te parler de choses inutiles et de te poser des questions qui te rendent visiblement mal à l’aise.