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Il était une fois

Public averti seulement (Film #1)

04/07/2015

Film #1: Le temps de prendre le temps

Nous sommes probablement dans ton lit, dans le mien, ou dans celui d’un hôtel de bon goût. La soirée s’est bien passée, faiblement arrosée de vin, copieusement arrosée de rires, de sourires et de regards. Après une longue discussion côte à côte, il n’y a, semble-t-il, plus rien à dire. Le silence s’installe. Tu t’allonges en position foetale, visiblement fatiguée, en me cul-loignant comme pour mettre une barrière, comme pour ne pas être cette qui initierait quelque chose. Cependant, c’est exactement l’inverse que cela produit. Je perçois cette ligne de peau, cette ligne de crête qui invite à gravir ses monts et explorer ses vallées. La plupart de tes vêtements s’envole, et ma main devient ce randonneur infatigable, qui peut aller et venir le long de cette ligne, cette ligne qui s’incruste si parfaitement dans le creux de ma main. Tout est lent, calme mais franc et sans gêne. Le reste de tes vêtements est de l’histoire ancienne. Tu roules sur ton dos et je t’empêche de me toucher, car je n’ai pas terminé. Tu comprends que mon tour viendra, que nous avons le temps de prendre le temps et donc tu ne t’obstines pas. Le randonneur se fait léger est n’est plus qu’un effleurement qui cherche son chemin, de tes épaules à tes genoux; est-il perdu pour prendre tous ces détours ou évite-t-il simplement les points sensibles, et pas encore murs? Finalement, en trouvant son chemin il déclenche une pluie, chaude, légère, d’été, de baisers allant de ta bouche à ton ventre. Je me porte alors sur toi pour créer un peau à peau, alors que les baisers s’attarde dans le creux de ton cou. Je porte bien attention pour ne pas mettre de poids mais simplement un contact. Puis, du cou, je passe à ta gorge, celle qui doit être soutenue, pour la glorifier, la remercier d’exister. Puis de ta gorge à ton ventre et de ton ventre à tes cuisses que tu m’offre sans presse, mais sans gêne. Je te gouterai alors enfin, comme un fin dessert fruité qui n’aura pu être confectionné que dans la cuisine d’un dieu obscur et gourmand. Tu passes alors tes mains dans mes cheveux et sur mes joues, et une simple pression, une légère invitation m’indiquera que c’est assez. Je ne sais pas exactement comment mes vêtements ont disparu, s’ils ont fondus par la chaleur ou s’ils se sont tout simplement évaporés, mais ils ne m’empêcheront donc pas de te connaitre. Je vois, je ressens une hésitation, pas un doute, non, plutôt celle qui symbolise plus la compréhension que ce moment ne pourra plus jamais exister à nouveau. Alors, encore une fois la nécessité de prendre le temps s’impose. Ce moment se passe donc dans une sorte de ralenti, et seule l’intensité du regard échangé trahit la simplicité du geste, et lui donne une importance démesurée. Par la suite, le film est flou, c’est une sorte d’histoire dont vous êtes le héros et dont il faut choisir la fin. L’intensité est-elle trop forte pour durer? L’intensité est-elle si différente de tout ce qu’ils ont connu, qu’elle transporte les protagonistes dans un état nouveau? -…- Fondu au noir. La fin (du début).