Vivant
Le 13/12/2015
Tu m'as dit une fois après une journée difficile, que ces émotions te faisaient sentir vivante. Et bien je dois dire que ma vie n'est pas banale et que là maintenant je me sens vivant, très vivant. Je crois que je viens de vivre la douleur, la souffrance la plus intense de ma vie. Annoncer la nouvelle aux enfants avait été sousestimé. Voir le visage de Laïa se tordre et l'entendre pleurer, presque hurler... Quelle horreur. Je n'avais même pas fini ma phrase, la phrase que j'avais tant répété dehors avec Mélanie... celle qui restait maintenant bloquée à cause des pleurs d'une enfant de 8 ans. Et puis, Ilian, stoïque, le visage impassible, on pouvait quasiment entendre les choses se brisaient à l'intérieur. Il a eu les yeux plein d'eau mais n'a dit qu'une seule chose... "Je le savais mais quand est-ce que vous allez vous remettre ensemble?" Laïa entre 2 pleurs a dit: "je ne comprends pas, les parents qui se séparent se chicanent et vous vous chicanez jamais".
Croiser le regard de Mélanie était terrible, la roche d'hier s'était brisée et n'était plus que poussière. Elle ne m'en voulait, elle semblait partager ma douleur ou en tout cas se sentir comme moi responsable d'une terrible conséquence sur les 2 êtres que nous voulions le plus protéger au monde. J'ai souffert tant et plus les 2 heures qui ont suivi car je n'arrivais pas à vouloir me faire du mal... On dirait que malgré cette horreur, je ne m'en voulais pas, la peine ne s'est pas retournée contre moi. Elle m'a juste totalement envahi, submergé. J'ai passé 1/2 heure a genou sans que rien ne se passe. Puis je suis allé vers la musique, et elle m'a doucement permis de reprendre prise. Je me suis alors lancé dans la cuisine, et j'ai des plats et des desserts et j'ai coupé, salé, braisé pour continuer. Les enfants sont assez vite passés à autre chose ce qui m'a grandement aidé puisque c'est ce que je me répété sans cesse pour accepter le tout. Mélanie est totalement brisée. On dirait qu'elle est en train de mourir de l'intérieur. Plus elle parle et plus je me rends compte à quel point elle s'était oubliée elle-même et à quel point elle ne s'aimait pas. Ou plutôt qu'elle ne s'aimait qu'à travers mes yeux.
J'ai eu un beau soupé avec les enfants même si je n'ai rien pu avalé. Dans ma tête, le calme est maintenant revenu et je peux sentir mes muscles fatigués du stress, mes yeux piquants d'avoir pleuré, mon dos douloureux d'avoir porté (comme Atlas l'a fait du monde) l'ensemble de la misère du monde, un instant. Oui je me sens vivant et le retour me calme tend à me prouver que je vais dans la bonne direction... Te savoir aussi, pas si loin, bien que trop loin tout de même là maintenant, m'aide beaucoup. Combien de fois ai-je fermé les yeux pour me dire: " n'oublie pas Choup est là, elle te soutient, ressens son amour, le vrai, le simple, celui que tu lui portes..."
Je t'aime comme l'arbre aime l'eau et l'oiseau le vent. Je t'aime d'amour et de vie.
D'amour et de vie.